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La Nature, et plus spécifiquement la montagne, exerce un pouvoir très fort sur moi. Nous sommes nombreux dans ce cas. En voulant décrire, comprendre, et aller plus loin dans cette attirance, j'ai parfois eu le besoin de l'écrire, de coucher sur le papier mon ressenti pour mieux le définir. Je partage quelques-uns de ces réflexions avec vous sur cette page. C'est dit de façon personnelle, mais je suis convaincu que certains de ces sentiments sont universels. Et vous, qu’éprouvez-vous en montagne ? Que recherchez-vous ?
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Qui sommes-nous ? Face à cette majesté, ne paraissons-nous pas dérisoires ? Ici, nous sommes de passage, simples visiteurs d’un lieu dont la compréhension n’est pas à notre portée. C’est trop vaste, trop universel pour que nous puissions appréhender le tout. Alors on s’émerveille, on s’extasie, on prend des photos, mais l’essence même nous échappe. Ne vient à nous que la beauté, brute, intense, sauvage, qui nous frappe et qui nous assoie là, devant le paysage, à contempler, sans mots pour décrire. On peut s’y essayer, des heurts, des jours durant, mais on ne recueillera finalement qu’un fragment, que l’on placera dans un cadre qui sera trop petit. Et la vie peut passer, à essayer de comprendre, d’observer, de mettre en mots. Et la montagne sera toujours là, immense et majestueuse. A celui qui sait voir et entendre, la source est là, intarissable. Mais aujourd’hui, qui sait voir ? Qui sait entendre ?
Je veux vivre la nature comme la vivrai un animal sauvage. Je veux une nature brute, indomptable, sans concessions, violente. Je veux m'engager dans un environnement dur. Je veux offrir mon corps. Je veux de la pluie battante, je veux du vent mordant, je veux du soleil brûlant. Je veux heurter mon corps à ces sensations, heurter mon corps aux éléments. Je veux n’être rien face à l’environnement. Je pars seul, dépouillé, courir à travers la montagne. Je veux des frissons sauvages, je veux l'ivresse du prédateur, je veux cette beauté violente. Je n'ai pas peur, je me confie à elle, je me fonds en elle, je lui fais confiance. Je ne me protège pas, j'accepte tout, sans broncher. Je suis trempé, je suis écorché, j’ai froid, j’ai faim, j’ai mal aux jambes. Je m’en fiche. Mes sensations me disent que je suis vivant. Que je suis vivant et que je suis là, ici et maintenant. Jamais le confort du chien n'égalera l'ivresse du loup.
Et je continue. Je cours, je cours encore, je cours à ne plus sentir mon corps, je cours à dissoudre mes pensées, à me fondre, et la nature offre le spectacle. Et je suis aux premières loges. C'est grandiose. C'est magnifique, l'émotion monte et ça se passe de mots, car cela ne peut être des mots. Ca ne s’explique pas, ça se vit. Ça existe, simplement, et c'est beau. C'est du brut, c'est du concentré, ça prend au creux du ventre et ça ne lâche pas. C'est tribal, primal, ça monte du fond des âges, et ça va chercher mes instincts les plus primitifs. Qui puis-je prétendre être face à cela ? Rien. Mon ego se perd dans cette transcendance. Je ne suis plus moi. Je suis une partie du ‘tout’, le paysage m’absorbe. Et je me laisse emporter par le flot… J’ai confiance… Je verrais bien à la fin ce que je peux récupérer de moi.